Les sujets de conversation de Lucie et de Vincent parviennent distinctement aux oreilles de notre vampire emmitouflé dans sa couverture. Il a dormi comme un bébé repu après avoir bu tout son lait ! Il est sevré pour un temps.
Après s’être étiré comme un matou, il descend les escaliers pour les rejoindre.
À leur départ une demi-heure plus tard, il commence à aérer la maison. Lorsqu’il ouvre la fenêtre de la chambre de sa sœur, il croise sa voisine Ann en train d’arroser ses plantes ; il lui fait part du plaisir de dormir dans un tel cadre.
L'air frais ne le dérange pas et il circule nu dans le salon avant de se diriger dans la salle de bain pour se laver de toute la transpiration de la veille.
Éric attend que sa sœur rentre pour partir de son côté. Au petit soin pour son frère, elle lui donne quelques pistaches pour la route, une bouteille d'eau et lui fait promettre de lui acheter du beurre demi-sel à son retour. Il est 9h30.
Éric s’arrête un moment pour regarder le paysage s’illuminer doucement. La mer juste à côté commence à se réchauffer.
Une femme marque l'arrêt et le dévisage.
Éric est positionné juste à côté de sa voiture. Sorti de sa contemplation, il recule sur le bas-côté pour lui permettre d’y accéder. Il ne la dérangeait pourtant pas assez pour justifier un tel regard. Pourquoi alors ? À cause de son allure ?
Éric eut soudain un haut-le-cœur en réalisant qu’il n’a peut-être pas été assez prudent lors de sa petite fuite d’hier. Mais à y voir de plus près, le regard de cette femme ressemblait plus à celui d’un cabot aboyant sur un passant. Éric l’éluda en haussant les épaules.
Aujourd’hui Éric va à "La Cité de la Mer". Il sort du bus #5 à l'arrêt "Schuman" et se dirige vers "Les Eléis". Il jette un regard en coin là où il a laissé sa victime hier. La voirie a déjà fait son travail on dirait, toutes traces avait été effacées.
Éric est un peu déçu, le sujet ne doit pas beaucoup intéresser les autorités locales. Un si beau jeune homme pourtant... Peut-être, dans les prochains jours, quelques fleurs déposées feront office de souvenir. Qui sait…
Clairement il y a un laisser-aller à la "Fnac"… Les nouveautés n’ont pas été mises en rayon. Éric feuillette une nouvelle édition des Bijoux de la Castafiore d’Hergé qu’il hésite à se procurer. Il ne pense pas retourner dans cette enseigne. L'espace culturel du "E. Leclerc" lui suffira… ou pas.
Il boit, prend quelques pistaches et s'approche de l'entrée de "La Cité de la Mer". Au loin, les mâts des voiliers forment comme un bras aux poils hérissés.
Il rentre dans la "Grande galerie des engins et des hommes" ; y sont affichées plusieurs photographies très grand format de tout ce que l'homme a pu construire pour dompter les océans.
L’entrée est à 19 €. À l'extérieur joue Calypso de Jean-Michel Jarre. Éric décide de commencer par la visite du sous-marin "Le Redoutable". On lui donne un audio-guide puis il longe la bête pour accéder à l'entrée.
Il boit de nouveau de l'eau avant de presser la touche 8 de son audio-guide ; la voix de l’ancien commandant du sous-marin le guide une dernière fois en l’amenant vers la sortie.
Éric est agressé de suite par Renaud et sa chanson Dès que le vent soufflera. Il avale quelques pistaches avant de rentrer dans l'auditorium consacré au "Titanic".
Dans la salle des bagages, Éric est seul. Impressionnant ! Pianotant sur une interface dédiée, il constate qu'aucun de ses ancêtres n’a tenté l’aventure pour émigrer vers le nouveau monde.
La visite qui se veut immersive du "Titanic" se fait mollement, il reste sur sa première impression étant déjà venu ici avec Lucie il y a plusieurs années. Il n’avait pas encore décidé à ce moment-là de couper les ponts. Sa future vie de marginale ne lui permettait pas de garder cette cellule familiale viable. S’il n’avait pas gaffé lors de sa dernière mission, rien n’aurait changé.
« Un mal pour un bien », comme lui a dit son fils, bien content de connaître enfin cette famille.
En allant vers "L'Océan du Futur", parvient aux oreilles d’Éric La Mer de Charles Trenet. Cette nouvelle attraction est exceptionnelle ! Enthousiaste, il envoie plusieurs photos et vidéos à Lucas.
Il s'installe ensuite au restaurant du musée "Le Quai des Mers" et, sur les conseils de la gérante, commande une fondue au camembert accompagné de trois charcuteries, deux cornichons, de la salade et des frites qu’il accompagne d'eau plate (16,90 €).
Éric lorgna un temps sur les plats que dégustait la table face à lui. À chaque bouchée, son attention se portait sur ces deux femmes qui discutaient avec le vieil homme qui leur faisait face ; sûrement un professeur émérite. Leur conversation savante demandant une attention à toute épreuve, le plat d’Éric devint vite froid…
Revenant au centre-ville, Éric reprend le bus #5 pour s'arrêter à l'arrêt le plus proche du "Emmaüs" du coin. Il y trouve beaucoup à voir mais très peu à vouloir posséder. Il y a fort longtemps, il y avait déniché un exemplaire du Cri de la chouette d’Hervé Bazin qui complétait sa trilogie autobiographique. Sa lecture difficile lui fit revendre l’ensemble très rapidement.
Éric évite, en se dirigeant vers "E. Leclerc", qu'une dame se fasse écraser par son chariot poussé par une brusque bourrasque de vent. Comme demandé ce matin, il achète une plaquette de beurre Bio (2,85 €) et complète son achat de délices au caramel pour les partager avec sa sœur accompagnée d’un café ou d’un thé (4,50 €).
En finissant sa bouteille d’eau, il remarque une femme blonde aux formes avantageuse (jean serré et top blanc). Elle fait faire ses besoins à son labrador sur l'herbe. Éric ne put s’empêcher d’associer l’image de cette femme à Pascale le tenant en laisse. Il secoua sa tête.
17h, Éric arrive avant qu'un camarade de Vincent vienne le chercher pour sa séance de Tennis de table. Lucie marque une pause sur son travail et avoue à son frère avoir des difficultés d'articulation de la main qui la handicape. Elle s'oblige à mettre de la glace sous son poignet droit tout en travaillant sur son ordinateur. Elle compense ses autres tensions en faisant du yoga. Le Salut au soleil est son exercice préféré.
Lucie soupire sur son labeur et Éric monte s'allonger sur son lit poursuivant la lecture du Temps Mort… Il se réveille brusquement au son de la voix de sa sœur qui lui demande s’il veut de nouveau être massé ce soir.
Son travail enfin terminé et son fils revenu de son sport, Lucie s’active en cuisine en nettoyant de la mâche. Éric la regarde au point que celle-ci esquisse un sourire gêné. Il s’avance alors pour s’occuper de préparer ce qu’il faut de jambons, de fromages et d’œufs pour des galettes bretonnes.
Le temps que les galettes cuisent, Vincent s’amuse à mettre les versions étrangères de Lupin, donnant un cachet tout particulier au jeu d’acteur d’Omar Sy en anglais, turc ou coréen.
Le ventre gonflé à satiété, Lucie conclut le repas par cette phrase :
« Vous pouvez désormais philosopher ou regarder le plafond ! »
Coût de cette journée : 43,25 €.