Nous retrouvons notre protagoniste assis sur son canapé, tête baissée, les mains sur le visage. Il est 7h30, son fils vient lui faire un câlin. Il fait sa rentrée à 13h30 et, stressant un peu, cherche la chaleur réconfortante de son père. Pour l’instant Eric n’est bon qu’à cela.
Le fait d’être en arrêt de travail lui pèse car, pour tout avouer, il ne s’en sent pas légitime. Il préfère éviter tout étalage de ce genre de sentiment devant son fils, mais il ne peut pas contenir continuellement cet état. Il doit trouver une activité libératrice rapidement. Il y a matière autour de lui, pense-t-il.
Il va faire très chaud aujourd'hui, Eric décide de faire des courses ce matin pour éviter la vague de chaleur.
En se dirigeant vers le supermarché, un rat lui coupe le passage. Au loin, les agents de la propreté essayent de faire leur travail comme ils le peuvent.
Déjà apprêté à déposer ses courses aux caisses automatiques (coût : 35,25 €), Eric évite de justesse d’être aspergé par le Bubble tea d’une dame. Le sol étant devenu immédiatement collant, la caissière est obligée de fermer sa caisse.
Dix mètres à peine être sortie du supermarché, un vertige le prend et lui impose de poser ses fesses sur un rebord en fer à promiscuité. Une trottinette boostée passe. Comment un évènement aussi anodin peut-t-il l’affecter autant ? L’éclaboussure de trop ? Tout de même pas !
En rentrant, son fils lui demande si cela va… Il ne lui répond pas et lui demande d'aller se laver.
Lucas reçoit mal les encouragements par SMS d’une de ses tantes pour cette rentrée qu’il trouve de mauvais goût. « Il n’est pas adepte des blagues, à ce niveau là il me ressemble », se dit Eric en esquissant un sourire. Il ne fait pas l’effort de dédramatiser la situation, Lucas ayant déjà une opinion tranchée sur la question.
Ce début de matinée lui laisse le temps de regarder Holy Motors de Leos Carax. Le film est tellement étrange qu’il en fait un rapide résumé à son fils (qui s’en fout, préoccupé par son ventre noué essayant vainement de manger son pané de poulet et sa paëlla.)
13h, il est temps pour Lucas d’aller vers son collège. Accompagné de son père, il croise sur le chemin un de ses amis — à la voix éraillée — qui passe en 3e. Finalement il sera en 4e C. C’est une bonne classe selon ses dires. Eric est rassuré.
De retour dans son appartement, Eric s’applique à expédier quelques actions administratives contournant, ça et là, des questions qui pourraient le compromettre et regarde Les Innocents de Juan Antonio Bardem.
L’un de ses portables se met à émettre une sonnerie qui ravive une partie de ses réflexes. C’est son entreprise qui l’appelle pour lui dire qu'ils n'ont pas reçu ses arrêts... En fait leur boîte mail mettait tous ses courriers dans les spams et cela ne leur permettait pas de les récupérer. Il faut peu de temps à Eric pour régler le problème.
C'est à ce moment-là que Lucas revient du collège. Quelques papiers à remplir et à signer et il peut continuer à regarder son film qu’il avait mis en pause. L’intense activité qu’il a dû déployer pour répondre à l’incompétence crasse de son entreprise lui inflige, d’un coup, un fort sentiment d'oppression. « Est-ce parce que j'ai arrêté le Xanax ? »
Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, le premier film de Pedro Almodóvar, se porte ensuite à ses yeux.
D'après sa sœur ainée Myriam il faut au moins deux semaines pour que le traitement au Xanax fasse sont effet. N’étant pas adepte des drogues à part pour les administrer, il ne pouvait prendre cette information que pour argent comptant.
Son corps lui rappelant la faim, il déballe un taboulé et fait cuire des nuggets pour Lucas. La soirée débutant, il porte à son regard les deux derniers épisodes de /One Piece\, puis les épisodes 17 et 18 de la saison 11 de /The Walking Dead\.
Coût de cette journée : 35,25 €.