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Pascal Craveri - Auteur BD

Je suis auteur de BD, illustrateur et portraitiste. Edité chez MORRIGANE éditions sur 4 romans jeunesse. Auteur également de la série BD en 3 tomes "SUIS LE FLEUVE" chez YIL édition. Depuis 2010 je dessine mon fils tous les mois! :)

Le Coût d'une journée - Chapitre 1 : Vingt-cinq jours d'arrêt _ 7

Publié le 16 Avril 2024 par Pascal Craveri in Le Coût d'une journée

Eric se réveille brusquement d'un rêve un peu avant 4h du matin avec cette phrase implacable :

 

« Vous faites des généralités, vous n'êtes pas un professionnel ! »

 

Derrière sa porte, il perçoit les pas de son fils faisant des va-et-vient pour aller boire de l'eau puis, guettant le silence, il s’arrache de son lit complètement à 5h.

Assis sur la cuvette des toilettes, il écoute le chant des oiseaux. Pareil à un souffle, il fredonne Au pays de mon premier amour de Philippe Katerine. Puis, sous la douche, bizarrement, lui vient dans sa tête Oh mon bateau d’Éric Morena.

Il décide de regarder La Ballade de Narayama. Il ne regrette pas son achat, le film est puissant.

Il tempère celui-ci avec Call Me Chihiro de Rikiya Imaizumi. Dans ce film l'héroïne découvre, dans un lieu squatté, une bibliothèque où se trouve des mangas dont un qu’il possède, Destination Terra... de Keiko Takemiya.

Il décide de prendre l'air. La voirie s'occupe des hautes herbes autour de son immeuble. L'odeur fraîchement tondue et l'air matinal s'allient harmonieusement. Pour un mois de septembre, il arbore encore la configuration bermuda, débardeur et claquettes. En prenant le tramway, il pense se diriger vers une manifestation "Le Grand Débarras" sur la place des Condamnés mais il se trompe : cette manifestation est nocturne.

Eric fait finalement un tour sur le marché en place. Il n'y a pas foule, les prix sont rebutants et les marchands tirent la tronche.

La configuration des lieux et les badauds lui font penser au film d’Agnès Varda Les Glaneurs et la Glaneuse.

« Condamnés à courber l’échine », songe-t-il.

Il salue une dame accroupie, pas plus âgée que lui, et mendiant à la sortie du marché.

Il s'assoit sur la place de la République, les boutiques n'ouvrent pas avant 10h.

« Que vais-je faire ? Rien, à part regarder passer les gens, songe-t-il. Je fuirai quand ils commenceront à envahir les lieux. »

Sur un coup de tête, il réserve sur son portable un billet aller-retour pour demain vers Angers qui ne lui coûte que 10 €. Il faut dire que le départ est avant 7h du matin. Il prédit beaucoup de marche et peut-être quelques occasions à saisir mais surtout un vidage de tête providentiel.

Se décidant enfin à bouger, Eric sent son pied gauche un peu engourdi à force d’être resté trop longtemps assis. Sur son chemin, un chat au pelage beige se prélasse sur le capot d'une Volkswagen. Un homme de passage le caresse et reçoit des miaulements de satisfaction.

Passant près de sa librairie, il embarque Under Ninja #4 de Kengo Hanazawa qui ne lui coûte que 0,65 € grâce à sa cagnotte.

Des Postiers blaguent sur le nouveau calbute d'un de leur collègue en vélo électrique.

La chaleur commence à augmenter et il n'est pas encore 10h30. Eric renonce à prendre les transports en commun.

Arrivé dans son quartier et n'ayant rien dans le ventre autre qu'une gaufre industrielle, il  prend à la boulangerie un pain au chocolat et un Suisse (2,60 €).

Il regarde sans grande conviction Les Misérables de Ladj Ly.

Il n’a pas faim. L’ennui le gagne.

Paluche : nul.

Les ablutions effectuées, il part perdre son temps sur Zelda : Tears of the Kingdom jusqu'au retour de Lucas.

Cette semaine étant terminée, il doit le déposer chez sa mère ; après il se fera un Fish & Chips maison.

En attendant de partir, Eric ferme les yeux. Il n’a juste plus envie d'accompagner son fils les vendredis soir.

Sur le trajet Lucas n'arrête pas de discuter mais Eric n’est pas réceptif. Il a du mal à garder les yeux ouverts. Arrivés au pas de l'immeuble, ils y croisent son ex-belle mère qui quittait sa fille. Après une discussion relative à la longue journée qui attend Lucas demain avec son oncle (ils vont assister à une grande manifestation sportive), Eric fuit. Vite.

Désormais à domicile et dans le plus simple appareil, il cuisine son églefin et ses frites.

 

Coût de cette journée : 13,25 € et des poils dans la cuisson.