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Pascal Craveri - Auteur BD

Je suis auteur de BD, illustrateur et portraitiste. Edité chez MORRIGANE éditions sur 4 romans jeunesse. Auteur également de la série BD en 3 tomes "SUIS LE FLEUVE" chez YIL édition. Depuis 2010 je dessine mon fils tous les mois! :)

Le Coût d'une journée - Chapitre 1 : Vingt-cinq jours d'arrêt _ 3

Publié le 13 Avril 2024 par Pascal Craveri in Le Coût d'une journée

Pluie et éclairs sortent brusquement Eric de son sommeil à 6h du matin, puis, le choc passé, il referme ses yeux.

Vers 4h30 du matin pourtant, une présence s’était immiscée dans sa chambre perturbant déjà sa courte nuit. C'était son fils qui l'observait. Restant aux aguêts Eric attendait une réaction de sa part mais non, celui-ci referma la porte de sa chambre tout doucement. Il arrive souvent à son garçon d’avoir ce genre de comportement quand il est inquiet. Dans ce cas là, il allait terminer sa nuit dans le salon à jouer avec sa console.

« La rentrée le travail vraiment » se persuada-t-il.

Son sommeil se prolongea jusqu’à 9h30, cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Il ne s’étonna pas de voir son fils allongé sur le canapé jouant sur sa console et alla prendre ses médicaments habituels qu’il avala avec un jus de pommes et un café.

Charles mort ou vif d’Alain Tanner passe sur son poste. Ce film lui inspire la fuite même si finalement le personnage est rattrapé par la société. Mais comme le dit la locution finale : « Rira bien qui rira le dernier ! »

Eric n’a aucune envie de faire à manger et suggère d’aller au "Burger King". « Notre dernier fast-food de l'été ! » s’exclame son fils.

Tout joyeux, il jette son dévolu sur un Crispy Cheese, des frites avec mayonnaise, un oasis et un King Sunday framboise. De son côté Eric choisit un wrap chèvre, des Onion Rings avec sauce aigre douce, un Sprite et un muffin au chocolat...

« Lucas ! Bordel ! » gronda Eric lorsqu’il s’aperçut que son fils avait sali le tee-shirt qu’il lui avait récemment acheté. « Bon sang, je m'emporte plus vite que d'habitude. Ce n'est pas bon… » s’inquiéta-t-il.

Ayant vu plus gros que son ventre, Lucas appréhende de dire à son père qu'il aura du mal à manger sa glace et qu'il devra lui rembourser celle-ci (Eric à la particularité d’avoir inculqué très tôt la valeur de l’argent à son rejeton, à l’excès). « Bah, tant qu'à faire on le mangera à deux ! » Son fils fut interloqué par tant de souplesse.

Timidement Lucas alla chercher sa glace. Eric la termina. Elle était mauvaise.

En fait ce petit déplacement était un prétexte pour aller récupérer chez son ex-compagne (qui habite à côté) les fournitures qui manquaient pour la rentrée prochaine de son fils. Lucas y rentre en catimini mais, poli, Eric préfère s’annoncer à sa mère qui était apprêtée à cuisiner un plat de pâtes à la tomate (il s’excuse de sa venue impromptue au passage).

En ressortant de chez elle, Eric propose à Lucas une promenade en ville et, pourquoi pas, aller se dénicher deux ou trois livres ? Mais comme à son habitude son fils n'est pas très chaud. Mais voilà : Lucas a oublié ses clés et se sent obligé de suivre son père. Finalement Eric lâche l'affaire et lui laisse son trousseau de clés, il lui ouvrira en rentrant.

Il fait très chaud. Le bus tarde à arriver.

 

Revenons un peu à notre protagoniste. Celui-ci lit. Beaucoup. Et surtout de la bande dessinée, les mangas ayant pris une grande importance dans ses achats depuis plusieurs années. Par contre, il a besoin d’un roman comme livre de chevet pour l’aider à s’endormir. À part cela, l’éducation de son fils et les films, ses plaisirs restent limités. Les missions qui lui incombent par moment annihilent ses émotions et son seul refuge est de se plonger dans l’univers des autres… avant de trouver par la suite le courage de créer ses propres histoires (avec ses propres règles de despote).

En allant à la librairie "Phylactère", il acquiert le manga Holyland #3 de Kouji Mori qu’il obtient gratuitement suite à un bon d'achat conséquent. Au passage, il souhaite au libraire Paul un bon weekend. Celui-ci lui répond : « Bof… »

 

La promenade fut courte.

 

Au fond de sa chambre son fils fait des bruits bizarres avec sa bouche tout en jouant en ligne avec ses ami(e)s sur Fortnite.

Eric lit d'une traite le manga. Il en profite ensuite pour étendre son linge.

Il avale un jus de gingembre et regarde le film Il dono de Michelangelo Frammartino (il s’endort devant, le gingembre n’est pas d’une grande efficacité).

Il enchaîne avec Quelle joie de vivre de René Clément et découvre, surpris, les talents comiques d'Alain Delon !

Déjà plus de 21h... En catastrophe, il prépare un plat de frites sèches pour contenter Lucas. Lamentable.

Son fils semble s’être contenté de si peu ; il peut démarrer le film Adua et ses compagnes d’Antonio Pietrangeli.

Il est minuit et demi, Lucas est couché depuis une heure.

 

Coût de cette journée : Gratuite.